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DE CONRART. [1652]

maison de La Trémouille ; et ayant reçu un ordre de la cour, obtenu par le duc de Bouillon, oncle du prince de Tarante, pour épargner la maison, il l’avoit étendu autant et aussi favorablement qu’il l’avoit pu en sa faveur ; mais depuis qu’il sut les menaces qu’il faisoit, il se résolut à laisser faire le peuple de la province, qui demandoit avec instance la ruine de cette place, à cause que c’étoit la retraite de tous ceux qui les pilloient, et que l’on y levoit un grand impôt sur la rivière ; ce qui les fâchoit extrêmement.

La semaine précédente, quelques cavaliers ayant su que le coche de Senlis partoit de Paris avec de l’argent qui appartenoit à des marchands et autres personnes qui étoient dedans, il fut attaqué par quatre sur le chemin. Ceux du coche se voyant en plus grand nombre, se mirent en défense ; mais comme ils en étoient aux mains, huit autres cavaliers survinrent, faisant mine de passer. Ceux que l’on attaquoit implorèrent leur secours, et en même temps ces huit se joignirent aux quatre premiers ; si bien que tout l’argent fut pillé, aussi bien que la marchandise et les hardes du coche, et il y eut sept hommes de tués.

Le mercredi 8, la duchesse de Bouillon étant partie avec tous ses enfans, suivie de deux chariots chargés de meubles, s’arrêta aux Incurables[1], où la duchesse d’Aiguillon lui avoit donné rendez-vous pour aller ensemble à Saint-Germain. La populace ayant remarqué les livrées, commença à crier aux mazarins ! que c’étoit la sœur du maréchal de Turenne qui venoit avec ses gens piller et brûler jusqu’aux portes de Paris ; qu’il avoit résolu d’en affamer tous les habitans,

  1. Aux Incurables : Rue de Sèvres.