Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
[1652] MÉMOIRES

que le prévôt des marchands avoit fait transporter du blé à Saint-Germain, fût déclaré faux, injurieux, et tendant à sédition ; permission d’informer, et de faire prendre prisonniers ceux qui seroient indiqués pour avoir trempé dans cette sédition. Cette plainte fut faite le vendredi 3 mai ; le parlement ordonna les deux premiers points, mais non pas le troisième, comme étant contre les formes. Ensuite les gens du Roi, qui avoient eu ordre de la compagnie d’aller à Saint-Germain prendre heure et jour du Roi pour entendre les nouvelles remontrances que les députés étoient chargés de faire, dirent que Sa Majesté avoit donné lundi à deux heures après-midi, pour ouïr le parlement et la chambre des comptes ; et mardi pour la cour des aides et pour l’hôtel-de-ville. Ils dirent, non pas dans le récit, mais à quelques particuliers, et en conversations privées, que la Reine avoit dit, quand elle sut qu’ils étoient arrivés : « Ils viennent demander jour pour faire des remontrances ; mais on ne veut non plus de remontrances à Saint-Germain, que de Mazarin à Paris. »

Pendant l’assemblée des chambres, il y avoit quelques compagnies de bourgeois de garde aux avenues des places publiques, pour empêcher les séditieux de s’attrouper. Il arriva qu’un nommé Lespinai, capitaine de son quartier, ayant conduit sa compagnie, alla au Palais pour ses affaires particulières, ou pour entendre ce qui se passoit, et fut reconnu et attaqué par un avocat frondeur, qui lui demanda ce qu’il venoit faire là, lui qui étoit un mazarin ? L’autre l’entendant parler avec cette audace, jugea que l’avocat étoit soutenu, et que c’étoit une pièce qu’on lui jouoit ;