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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

Toutes ces choses étant faites, messieurs de Vendôme, de Candale, de Tulle, tous les officiers généraux et quantité d’autres, entrèrent en triomphe dans la ville, allèrent faire chanter le Te Deum dans l’église Saint-André, où le père Ithier prêcha par l’ordre de M. de Vendôme, qui vouloit que ce père, qu’on avoit promené par la ville dans une charrette, nu en chemise, la torche au poing, la corde au cou et le bourreau derrière, pour le service du Roi, parût en ce jour de triomphe pour annoncer au peuple la clémence de Sa Majesté, et l’obligation qu’il avoit de ne jamais se départir de son obéissance[1].

Le reste de la journée et une partie de celle du lendemain se passèrent en harangues, que tous les corps allèrent faire à messieurs les généraux ; après quoi on dépêcha en cour pour donner avis à Sa Majesté. En attendant la réponse de la cour, on chassa les factieux de la ville, jusqu’au nombre de trois cents pour le moins : on n’en épargna pas même les religieux et les prêtres qu’on reconnoissoit être malintentionnés. Le courrier arrive, et apporte la déclaration du Roi portant une amnistie générale accordée à la ville et habitans de Bordeaux, avec pardon, extinction et abolition générale de tous les crimes et excès par eux commis, sans en rien réserver ; à l’exception néanmoins du sieur Trancard, conseiller, Blarut et Désert, bourgeois de Bordeaux, qui étoient en Angleterre[2] ; Clerrac, bourgeois et avocat, qui étoit allé en Espagne ;

  1. Le dévouement du père Ithier au service du Roi ne demeura pas sans récompense. Nommé dans la même année 1653 à l’évêché de Glandèves, il fut sacré le 21 juin 1654. Il mourut en 1672. (Voyez le Gallia christiana, tome 3, page 1247.)
  2. En Angleterre : Ils y avoient été envoyés pour solliciter la protection de Cromwell. (Histoire de Bordeaux, par dom Devienne, page 461.)