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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

couper la gorge. Sa Majesté fit assembler le conseil, dans lequel, par accommodement, on leur donna M. le prince de Condé pour gouverneur, à la charge qu’il donneroit son gouvernement de Bourgogne à M. d’Épernon pour celui de Guienne. Après les expéditions faites, le courrier s’en retourne à Bordeaux, où dès qu’il y arriva ce furent des réjouissances et des festins publics par les frondeurs et par les ormistes, qui couroient dans les rues avec des bouteilles et des lauriers, pour faire boire ceux de leur parti auxquels M. le prince avoit écrit des lettres d’amitié et de civilité.

Dans le même temps il se forme dans le parlement de la grande Fronde une autre petite Fronde[1], qu’on attacha, en forme de couronne, sur les portes de ceux qui avoient frondé.

L’Ormée profitant de cette division, prend de nouvelles forces, augmente son parti ; et plusieurs du parlement de la grande Fronde s’étant mis parmi cette troupe, la faisoient agir selon leur caprice. Dès-lors on commença de chasser les serviteurs du Roi ; et pour cela on établit une chambre d’expulsion. Le parlement voyant qu’on empiétoit sur son autorité, donne arrêt par lequel il défend ces assemblées. Les ormistes l’arrachent des mains de l’huissier qui le vouloit publier ; ils assiègent le Palais, où le prince de Conti étant allé, il fait retirer la bourgeoisie, et chasse ensuite quelques conseillers de la petite Fronde.

  1. Une autre petite Fronde : Elle étoit opposée à la grande Fronde, et elle se composoit des conseillers du parlement de Bordeaux qui cherchoient à rétablir l’autorité royale en leur ville.