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[1652] MÉMOIRES

qui ne lui voulurent jamais permettre la confession s’il ne la faisoit tout haut[1] ; enfin plus le parti des princes faisoit de cruautés, plus les bien intentionnés s’échauffoient pour le rétablissement de l’autorité royale et pour demander la paix. On en vint jusques au point d’écrire à M. de Boucaut, par le moyen de sa femme, de faire avancer le père Berthod aux faubourgs de Bordeaux incognito pour conférer avec des principaux bourgeois. Ce père fut au rendez-vous conférer avec eux sur les moyens de recouvrer leur liberté, et de remettre la ville entre les mains du Roi. Il en fit le récit à M. de Vendôme, qui pour lors quitta Bourg pour venir à Lormont, afin d’être plus proche de Bordeaux au cas que l’on voulût traiter avec lui.

Pendant ce temps-là madame de Boucaut continue ses brigues avec tant d’ardeur, qu’elle donna sujet au sieur Raymond, qui commandoit à la porte de l’hôtel-de-ville en l’absence du capitaine, d’en refuser l’en-

  1. « Le premier de juin (1653), le sieur Villars eut ordre d’aller devant l’hôpital des manufactures pour faire aborder un bateau parti du port des Salinières pour aller à Agen. Ce qu’ayant exécuté, il se saisit du sieur Chevalier, avocat, qui étoit dedans, et le conduisit chez le prince de Conty, où l’on dit qu’il fut trouvé chargé d’une lettre du sieur Mounier, conseiller en ce parlement, adressée au sieur de Miral à Agen, par laquelle il l’avertissoit que dans peu de jours le dessein qu’ils avoient concerté pour la délivrance de Bordeaux auroit un heureux succès. Ce qui fit donner nouvel ordre audit sieur de Villars d’aller avec sa compagnie investir la maison dudit sieur Mounier, et l’arrêter. Mais en suite d’une contestation sur le mot de guerre entre la patrouille et les sentinelles qui avoient été posées près de ce logis, l’une ayant, tiré sur un sergent, le bruit du coup fit une telle diversion des uns et des autres, que ledit sieur Mounier se sauva ; de sorte que le sieur Chevalier a seul essuyé toute l’injuste colère des séditieux, qui l’ont condamné à être pendu, et l’ont fait exécuter. » (Gazette de Renaudot, article Bordeaux, du 5 juin 1653, p.569.)