Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/411

Cette page a été validée par deux contributeurs.
409
DU PÈRE BERTHOD. [1652]

étoit-elle gardée par cinquante ormistes. Il falloit pourtant s’en aller ; car il n’y faisoit plus bon pour lui, et il n’y pouvoit plus travailler pour le service du Roi. Il fut donc question de chercher les voies de sauver le père Berthod et ses papiers, qui étoient en nombre. Ce père donc, par le moyen de son hôte, à qui il se confioit, et lequel même étoit bien intentionné pour le service du Roi, trouve moyen d’écrire au sieur de Pommiers, qui s’étoit réfugié à Agassat avec beaucoup d’autres, et le prie de lui envoyer son batelier pour le conduire chez lui. M. de Pommiers le lui envoie ; le père lui donne ordre de revenir le lendemain, de laisser sa chaloupe à deux lieues de Bordeaux, au-dessous de l’armée navale des ennemis ; qu’il iroit à pied jusque là pour éviter les dangers, qui étoient fort grands, parce que M. le prince de Conti avoit révoqué tous ses passe-ports, et avoit commandé aux capitaines de ses vaisseaux d’arrêter tous ceux qui descendroient du côté de Blaye.

Pendant que le batelier retourne à Agassat quérir sa chaloupe, le père Berthod s’imagine qu’il ne pouvoit mieux sauver ses papiers que par des femmes ; en effet il y réussit. Il en envoie chercher deux, qui étoient des bourgeoises assez considérables dans la ville, auxquelles il se confioit, et qui même s’étoient trouvées dans le danger lorsqu’on faisoit la visite dans les maisons pour le chercher. Avec ces deux il choisit encore la sœur de son hôte, qui étoit aussi sœur de l’une des deux qu’il avoit envoyé chercher ; et à toutes trois il leur fit la proposition de le servir le lendemain à sa sortie, sans leur dire en quoi ni comment ; et elles le lui promirent.