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[1652] MÉMOIRES

la providence de Dieu qui conserve ceux qui s’exposent si généreusement pour leur roi. Il arriva donc dans Bordeaux le samedi 20 de mars, et en même temps il envoya quérir le père Ithier, pour lui dire que toutes choses étoient prêtes du côté de la mer ; que les chefs étoient commandés ; que le régiment de Montausier étoit tout prêt pour soutenir les bien intentionnés. Le père Ithier, qui ne savoit point la trahison de Villars, lui dit aussitôt que tout étoit prêt dans Bordeaux, et que le 21 ensuivant l’affaire se devoit exécuter. Et sur ceci il est à remarquer que le père Berthod et le père Ithier ont toujours fait leurs propositions de remettre la ville de Bordeaux dans l’obéissance du Roi sans effusion de sang, à moins que les rebelles n’usassent de grandes violences ; mais surtout qu’on ne feroit point de mal aux princes ni aux princesses, et qu’on se contenteroit seulement de les chasser hors de Bordeaux.

Le père Ithier quitte le père Berthod pour aller travailler à l’avancement de l’affaire, et au bout d’une heure il le revient trouver pour lui dire que madame de Longueville l’avoit envoyé quérir lui père Ithier, et qu’elle le vouloit consulter, à ce qu’elle demandoit, sur une affaire de conscience. Le père Berthod dit au père Ithier qu’il n’y devoit point aller ; que madame de Longueville étoit plus fine que lui : que la prière qu’elle lui faisoit étoit hors de saison, et que certainement on lui vouloit jouer quelque pièce. Le père Ithier ne le vouloit pas croire, et s’en va chez cette princesse, où elle le fit arrêter par le lieutenant des gardes du prince de Conti, qui l’entretint environ une heure dans une antichambre, en attendant