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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

Villars ne manqua pas, depuis le jour de sa trahison, d’aller rendre compte tous les jours au sieur de Boucaut de ce qui se passoit chez M. de Conti, comme il avoit fait depuis Noël qu’il travailloit à cette affaire. Le 20 mars, il fut trouver le père Ithier, auquel il représenta les nommés Curtin, Taudin, Guniraut, Croissillat, Blaint et le capitaine Bousseau, qui étoient les six exécuteurs de son dessein, et gens de crédit dans l’Ormée, sans lesquels on ne le pouvoit faire réussir. Après que Villars eut pris l’ordre dont on se devoit servir pour faire crier vive le Roi ! et la paix ! et qu’il fut convenu des quartiers qu’on devoit occuper, et avoir pris jour pour cela, pour empêcher les séditieux de rompre un si juste dessein, il reçut les quinze mille livres, et vit les lettres de change pour le reste de sa récompense. Villars porte cette somme au prince de Conti, qui la reçoit ; et sachant que les troupes qu’il avoit envoyé quérir étoient arrivées, et que le sieur de Marchin, que Villars avoit éloigné par adresse auparavant sa trahison, étoit de retour, il fit commander par les jurats ormistes, aux capitaines de quartier, de faire mettre le peuple sous les armes, sous prétexte d’arrêter quelque gentilhomme qui avoit usé d’irrévérence envers une demoiselle de madame de Longueville, dans la maison de cette princesse.

Tout cela se faisoit dans Bordeaux pendant que le père Berthod alla à Blaye pour trouver M. de Vendôme ; d’où venant, il passa inconnu au travers des troupes que M. le prince avoit fait venir la nuit vers Blanquefort, et dans l’armée navale des Bordelais sans qu’il y fût arrêté : et certainement ce fut un effet de