Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/392

Cette page a été validée par deux contributeurs.
390
[1652] MÉMOIRES

quer de parole. Le père Ithier le laisse aller, après lui avoir fort recommandé de se trouver au couvent à une heure, pour ne pas fâcher le prince de Conti.

Le père Berthod quitte donc sa compagnie, s’en va prendre un religieux aux Cordeliers, pour l’accompagner par la ville ; il le conduit sur le Charton, sans lui parler de quoi que ce fût de son dessein ; et lorsqu’il se vit par delà le château Trompette, il dit à celui qui l’accompagnoit qu’il l’avoit choisi comme son ami, pour le mener en un lieu où il ne vouloit point que d’autre personne que lui eût la connoissance de ce qu’il y feroit ; qu’il avoit donné le rendez-vous à un homme de grande condition, dans un cabaret borgne au fond des Chartreux ; qu’ils y dévoient parler d’une affaire très-importante ; qu’il avoit choisi ce lieu-là pour n’être pas découvert, et qu’il le prioit que si, dans la suite de leurs discours et dans l’ardeur de leur conférence, il entendoit quelque chose de ce qu’ils diroient, il n’en parlât jamais à personne ; que c’étoit une matière fort chatouilleuse, et qu’il lui feroit courre risque de sa personne, si le prince de Conti en avoit la moindre connoissance. Le compagnon, qui étoit ami du père Berthod, et qui savoit en gros qu’il étoit serviteur du Roi, sans pourtant qu’il en sût aucune chose en particulier, lui promit de le servir ainsi qu’il le désiroit, et que quoi qu’il pût entendre de la conférence, il n’en parleroit point.

Ces deux pères étant arrivés dans ce cabaret borgne, le père Berthod, qui avoit porté une écritoire et du papier, écrivit une grande lettre au père Ithier, dans laquelle il le prioit de ne trouver pas mauvais s’il s’en alloit sans voir M. le prince de Conti ; qu’il ne