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[1652] MÉMOIRES

à la cour faire leur députation au Roi, et qui en furent admirablement bien reçus[1], en revinrent le 19 avec le maréchal de L’Hôpital, le prévôt des marchands et les autres magistrats ; et M. d’Orléans sachant qu’ils arrivoient, fit écrire une lettre à M. de L’Hôpital par le maréchal d’Etampes, laquelle lui fut envoyée en grande diligence par un courrier, qui le trouva, à la tête des colonels, dans le bois de Boulogne.

Cette lettre portoit avis à M. le maréchal de L’Hôpital et aux autres de retourner à Saint-Germain ; qu’ils ne seroient pas reçus à Paris ; que toute la ville sachant leur venue, s’étoit mise en armes ; que les bourgeois avoient tendu les chaînes ; que chacun faisoit des barricades dans son quartier, et que le peuple étoit résolu de les égorger plutôt que de souffrir qu’ils entrassent dans la ville.

Cette lettre et le discours de celui qui la portoit, qui exagéra la chose jusqu’au point de la faire passer pour une révolte générale, fit faire halte à toute la compagnie pendant une demi-heure, dans l’incerti-

  1. Bien reçus : Une députation du corps de la milice de Paris fut reçue par le Roi à Saint-Germain-en-Laye le 18 octobre 1652. M. de Sève-Chastignonville fit une harangue dans le goût du temps, qui paroîtroit aujourd’hui fort ridicule. Le Roi répondit : « Messieurs, je me souviendrai toute ma vie du service que vous m’avez rendu dans cette occasion ; je vous prie aussi de vous assurer toujours de mon affection. Quoique les affaires que m’ont suscitées ceux qui se sont révoltes contre moi me pussent obliger à faire d’autres voyages, néanmoins, puisque vous me témoignez le désirer, j’ai résolu d’aller à Paris au plus tôt : je ferai savoir au prévôt des marchands et échevins ce qui est nécessaire pour cela. » (Voy. la Relation de tout ce qui s’est fait et passé en la députation du corps de la milice de Paris, etc. ; Paris, Pierre Le Petit, 1652, in-4o, dans le recueil des Mazarinades de la bibliothèque de l’Arsenal, tome 166, pièce 25.)