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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

pour le garantir de l’insulte qu’on lui vouloit faire.

Le jour auparavant, on avoit tué à la porte Saint-Antoine cinq ou six soldats des troupes de ce duc ; les placards des princes et des frondeurs étoient arrachés des coins des rues, et on y affichoit et publioit par la ville ce qui venoit de la part du Roi ; les colporteurs commençoient de se battre les uns contre les autres sur le sujet des imprimés qu’ils vendoient : enfin c’étoit une disposition admirable pour le retour du Roi. Le sieur Du Fay tenoit depuis quinze jours cinquante hommes prêts incognito dans la Bastille[1], pour exécuter son dessein quand le Roi voudroit. M. Le Prévôt distribuoit de l’argent pour l’avancement de l’affaire, et tous les autres négociateurs étoient tous les jours à la ville chez les bien intentionnés, pour leur augmenter les bonnes intentions qu’ils avoient pour le service du Roi. Les colonels alloient dans les maisons par l’ordre de la ville, pour faire sortir tous les gens de guerre des armées des princes, des ducs de Lorraine et de Wirtemberg, de Paris. On les avoit si fort en horreur qu’il s’en falloit peu qu’on ne leur courût sus.

Sur la nouvelle que l’armée du duc de Lorraine avoit eue que leur chef étoit arrêté dans Paris, elle s’avança d’une lieue du côté de la ville, faisant de grandes menaces contre les bourgeois, M. le prince ne faisoit pas moins : il s’en alla en colère, et en sortant de Paris protesta qu’il se vengeroit contre les bourgeois, et qu’il les persécuteroit jusqu’au tombeau. Ce fut le 14 qu’il abandonna cette grande ville,

  1. Dans la Bastille : expression inexacte. Il faut entendre dans l’Arsenal, dépendance de la Bastille.