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[1652] MÉMOIRES

Sève répondit à cela qu’ils sortiroient avec quatre cents chevaux ; qu’ils ne craignoient rien, et qu’en tout cas il y avoit bonne représaille dans Paris.

Cela fut cause que M. le prince commença de désespérer de pouvoir empêcher de faire la paix, et prit résolution de sortir de Paris, puisqu’il n’y pouvoit être le maître ; et le parlement, qui ne savoit plus que faire, envoya prier M. d’Orléans de se trouver au Palais le 11 octobre, pour délibérer sur la démission de M. de Beaufort de sa charge de gouverneur de Paris en la place du maréchal de L’Hôpital, parce que ce dernier devoit revenir dans trois jours, et qu’on ne pourroit empêcher le peuple de le rétablir dans sa charge. Certainement si dans ce rencontre la cour eût envoyé les hommes de commandement et les trois cents soldats que les négociateurs demandoient, les choses étoient si bien disposées qu’on se pouvoit aisément saisir de M. le prince, de M. de Beaufort, du sieur Broussel, et de plusieurs autres factieux.

Dans ce temps-là les troupes du duc de Lorraine vinrent proche de Paris, et lui dans la ville. D’abord son arrivée surprit le menu peuple, qui crut que son armée mettroit M. le prince sur le haut du pavé, et réduiroit les affaires du Roi dans un mauvais état ; mais les honnêtes gens ne s’en étonnèrent point, parce qu’ils savoient que ce duc faisoit gloire de ne rien tenir de ce qu’il promettoit ; et la façon de laquelle il agit en arrivant au palais d’Orléans fit connoître à tout le monde que c’étoit plutôt un goguenard qu’un homme à redouter. La belle salutation qu’il fit à Madame fut de lui dire : « Dieu te garde, Margot ! tu ne pensois pas me voir sitôt. » À quoi