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[1652] MÉMOIRES

Monsieur connoîtroit que lui, duc de Bournonville, n’y étoit point pour les affaires du Roi ; mais qu’il s’en iroit avec cette condition que si, étant de retour à la cour, le Roi le renvoyoit à Paris pour son service, alors il exécuteroit hautement les ordres de Sa Majesté, et qu’il n’y avoit rien qu’il n’entreprît contre ceux qui s’y opposeroient. Le comte de Saint-Amour alla porter cette réponse à M. d’Orléans, qui au même temps le renvoya au duc de Bournonville avec un passe-port pour s’en retourner en cour, qu’il reçut, et promit de partir le mardi ensuivant.

Le comte de Saint-Amour crut ce que le duc de Bournonville lui dit, et le crut si bien qu’il le pria de faire en sorte que M. Le Tellier lui envoyât un passeport pour aller à son pays, et de représenter à la Reine qu’il avoit payé sa rançon à celui auquel Sa Majesté l’avoit donnée, lorsqu’il avoit été fait prisonnier.

Le père Berthod écrivit qu’on envoyât ce passeport, si on le jugeoit à propos ; et si on ne le vouloit pas donner, qu’on écrivît quelques raisons pourquoi on le refusoit, afin que le comte de Saint-Amour crût que le duc de Bournonville étoit auprès du Roi, et qu’il avoit parlé de son affaire ; qu’on fît courre le bruit à la cour que ce duc y étoit revenu, qu’il n’y avoit demeuré qu’une nuit, et qu’on l’avoit envoyé vers M. le cardinal. Tout cela fut exécuté ponctuellement du côté de la cour ; et le duc de Bournonville, au lieu de sortir de Paris, y demeura travesti, et travailla avec plus d’ardeur qu’auparavant. Il alloit en vingt endroits par jour ; il faisoit autant de billets pour envoyer chez ses amis. M. de Pradelle, qui étoit