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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

de M. d’Orléans, sur la rivière, à l’armée des princes.

Ce jour-là même il entra dans la ville quelques officiers de cavalerie et d’infanterie pour y demeurer incognito, et ne paroître qu’au temps qu’on auroit besoin d’eux pour servir à quelque entreprise, ou à repousser les séditieux qui voudroient empêcher les assemblées, et les autres choses qui regarderoient le service du Roi et le repos de la ville. Et la cour, qui jusque là avoit été lente, et qui par là donnoit sujet de plainte aux négocians, commença d’ouvrir les yeux et de connoître les belles dispositions de Paris ; et elle y envoya M. de Pradelle, capitaine aux Gardes, et M. de Rubentel, lors lieutenant du même corps, pour commander les gens de guerre dans les occasions.

Les négociateurs, qui voyoient que toutes choses alloient à leur but, écrivirent leur sentiment à la cour ; et afin que chacun ne fît pas des lettres selon son sens, et qu’il ne se trouvât point de contradiction dans ce qu’ils manderoient, les sieurs Le Prévôt, de Bournonville, Pradelle, Rubentel, de Bourgon, Du Fay et le père Berthod se rendoient tous les jours en certains lieux cachés, où chacun rapportoit ce qu’il avoit fait, ce qu’il avoit vu : et le père Berthod, sous le chiffre de la cour, y écrivoit toutes choses au nom de la compagnie ; et M. de Glandèves, qui recevoit les lettres et qui les faisoit voir au conseil secret, mandoit au père Berthod le sentiment de la cour pour le faire savoir aux négociateurs, qui travailloient autant qu’il leur étoit possible à faire les choses avec douceur, et même dans l’agrément de tout le peuple ; car ils avoient toujours pour but de rendre le Roi maître de Paris sans coup férir et sans répandre