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[1652] MÉMOIRES

trouva affiché à la porte du Palais-Royal, et dans d’autres endroits de la ville, un placard intitulé le Manifeste des bons serviteurs du Roi étant dans Paris, et leur généreuse résolution pour la tranquillité de la ville.

Ce placard étoit la même chose qu’on avoit fait courre chez les bourgeois, et que j’ai jugé à propos de mettre dans cette relation.

« Enfin le cardinal Mazarin est sorti ; M. d’Orléans est content : il doit tenir sa parole, et se rendre auprès de Sa Majesté. M. le prince gronde encore ; il cherche de nouveaux prétextes de nous troubler ; il a juré de perdre la France, et de mettre le feu de la division partout ; il a commis une félonie sans exemple, traitant avec l’Espagne pour être roi de Navarre et de la Guienne ; il a mal réussi jusqu’à présent ; il se désespère, fait encore entrer des troupes étrangères en France pour achever de nous ruiner, fait des négociations nouvelles en Angleterre ; il a des traités particuliers avec plusieurs gouverneurs des places, même avec des conseillers et des présidens des cours souveraines, qui sont tombés, par ses persuasions, dans le dernier aveuglement. Tous reconnoissent leur faute ; ils appréhendent la justice, ils ne savent où ils en sont ; leur conscience leur sert de bourreau ; ils désespèrent de la clémence du Roi, sans considérer qu’il a plus de bontés pour leur pardonner qu’ils n’ont de malice pour l’offenser. Le prince, ou, pour mieux dire, la cause de tous nos maux, rallume les derniers feux de sa violence ; il ne veut point se soumettre, il veut nous perdre ; il est résolu de