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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

cour, faisoit que M. Le Prévôt écrivoit tous les jours de faire approcher Sa Majesté de Paris, et le grand danger qu’il y avoit que ce retardement ne dégoûtât les Parisiens, auxquels M. le prince faisoit faire cent mauvais contes ; et, entre autres personnes, deux mauvais religieux, très-malintentionnés pour le service du Roi, faisoient un mal dans la ville qui n’étoit pas concevable.

L’un étoit le père Georges[1], capucin, qui couroit par les maisons de ceux qu’il avoit pratiqués pendant qu’il avoit prêché l’avent et le carême, et avec lesquels il avoit mangé souvent ; et il leur disoit que la Reine avoit de très-méchans sentimens pour Paris, qu’elle n’en demandoit que la destruction, qu’elle ne respiroit que le sang et la vie des Parisiens ; qu’elle en vouloit éloigner le Roi, pour, par son absence, faire mourir le peuple de faim, ou bien y entrer les armes à la main, et mettre toutes les maisons au pillage, aussi bien que les femmes à la merci des soldats, après qu’ils auroient fait passer les hommes par le fil de l’épée.

L’autre étoit un père que je ne nomme pas, par le respect que j’ai pour son ordre, qui est un des plus austères du royaume ; et si je dis le nom du père Georges, c’est parce que tout le monde sait qu’il a été prê-

  1. « Je m’en allai aux Capucins de Saint-Honoré, où prêchoit le père Georges, grand frondeur. Monsieur y etoit. » (Mémoires de mademoiselle de Montpensier, tome 41, page 164, de cette série.) Ce père Georges étoit un capucin d’Amiens. Sa conduite factieuse auroit dû lui faire interdire la prédication ; il prêcha cependant le carême suivant à Saint-Roch. (Voy. la liste générale de tous les prédicateurs qui doivent prêcher le carême de l’année 1653 ; Paris, Colombel, 1653, dans le recueil de Mazarinades de la bibliothèque de l’Arsenal, t. 166, pièce 54.)