Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.
290
NOTICE

tyrannie des princes ont-ils été représentés, d’après ses récits, comme l’œuvre de la sottise et du fanatisme ; peu s’en faut même qu’un compilateur du dernier siècle n’accuse Le Prévôt d’avoir provoqué une nouvelle Saint-Barthélémy[1]. Effet ordinaire des grandes commotions politiques : la vérité est d’abord étouffée par les ouvrages des hommes qui écrivent dans l’intérêt et sous la dictée d’une faction ; puis le temps vient peu à peu la découvrir, et il finit par la dégager des voiles qui ne permettoient plus de l’apercevoir.

Après une négociation de plusieurs mois, le père Berthod et ses amis virent leurs travaux couronnés par le succès. Le Roi rentra dans Paris le 21 octobre 1652, et il y fut accueilli par les acclamations de tout un peuple, enivré de bonheur à la vue de son roi ; acclamations que nous avons aussi entendues dans ces derniers temps, et dont les anniversaires des 12 avril, 3 mai 1814, et 8 juillet 1815, rappelleront à jamais le touchant souvenir.

Les services que le père Berthod venoit de rendre à la couronne firent jeter les yeux sur lui comme sur l’homme le plus capable de conduire à son terme une négociation qui paroissoit beaucoup plus difficile que la première. Le parti des princes s’étoit concentré dans la province de Guienne ; le comte d’Harcourt, à la tête de l’armée royale, avoit fait rentrer un grand nombre de places dans l’obéissance ; mais la ville de Bordeaux, soulevée par le prince de Conti, par madame la princesse et par la duchesse de Longueville, étoit encore le foyer de la sédition.

  1. Mailly, Esprit de la Fronde, tome 5, page 618.