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MÉMOIRES

détacher s’il leur étoit possible, et de lui substituer la petite de La Mothe-Houdancourt, que Sa Majesté avoit vue de bon œil durant quelques jours, et qui étoit fort attachée à la comtesse de Soissons, et par conséquent à Vardes. Que, pour y parvenir, Vardes composa en français une lettre sous le nom du roi d’Espagne à la Reine sa fille, par laquelle il paroissoit fort en colère de ce que le Roi préféroit à elle une petite fille de nulle considération ; qu’elle s’en devoit plaindre hautement ; et que le Roi son mari étoit un fanfaron qui ne résisteroit point si on lui tenoit tête, etc. Que cette lettre avoit été mise en espagnol par le comte de Guiche, qui avoit imité le caractère du roi d’Espagne le mieux qu’il avoit pu, ayant vu de ses lettres à la Reine, à qui il écrit toujours de sa main. Que la comtesse de Soissons s’étant rencontrée chez la Reine à l’ouverture d’un paquet du Roi son père, en avoit ramassé et serré l’enveloppe, sans qu’on s’en aperçût ; qu’on avoit fait faire un cachet aux armes d’Espagne, tout semblable à celui dont les lettres du roi d’Espagne avoient accoutumé d’être cachetées ; et que cette lettre contrefaite étant enfermée dans cette enveloppe véritable, le paquet en avoit été porté, comme de la poste, à la senora Molina, première femme de chambre de la Reine, qui les reçoit ordinairement[1]. Qu’ayant appris par une lettre précédente que le roi d’Espagne étoit malade, elle appréhenda qu’il n’y eût dans celle-ci quelque mauvaise nouvelle de sa santé ; c’est pourquoi elle l’ouvrit hors de la présence de la Reine, et qu’ayant déplié la

  1. Ceci se passoit en 1662. (Voyez les Mémoires de madame de Motteville, tome 40, page 179, de cette série.)