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DE CONRART.

il lui mandoit que c’étoit lui qui l’avoit fait traiter comme il l’avoit été ; et que si dans ce jour-là il ne jetoit dans le feu les informations qu’il avoit fait commencer, il lui feroit donner dès le soir même les étrivières : ce que Bartet nie formellement lui avoir été dit.

Il ne se vit jamais rien de si avantageux que lui en actions et en paroles. Le comte Du Lude et lui étoient amoureux de cette madame de Gouville, de qui j’ai déjà parlé ; et Bartet en étoit tellement passionné, que souvent, après avoir été six heures avec elle, il ne pouvoit attendre qu’il fût de retour chez lui pour lui écrire, et il entroit en la première maison de sa connoissance, d’où il lui écrivoit de grandes lettres. Un jour s’étant rencontrés aux Tuileries, le comte Du Lude, qui menoit une dame, salua Bartet comme il passoit devant eux ; mais lui, sans le saluer, et mettant les mains sur les côtés, le regarda fièrement, et passa outre. Sur cela le comte Du Lude dit partout que si Bartet n’y prenoit garde, il pourroit bien recevoir quelques distributions de coups de bâton. Quand il sut que le comte Du Lude le menaçoit de la sorte, il alla trouver Roquelaure, beau-frère du comte, et lui dit : « Monsieur, monsieur le duc, on dit que le comte Du Lude tient de certains discours de moi que je ne puis croire. Je n’ai garde de m’imaginer qu’il ait pensé à ce que l’on dit qu’il me veut faire faire ; car ce sont des choses qui ne lui peuvent être entrées dans l’esprit en parlant d’un homme de ma sorte : mais je ne crois pas même qu’il se soit plaint de moi, parce que je ne lui en ai donné aucun sujet. » Roquelaure lui répondit, de ce ton haut et fier qui