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DE CONRART.

Orthez, ville ancienne, et où il y a évêché. Le dessein de Bartet lui réussit si bien, par la conjoncture du changement qui arriva en Béarn lorsque le roi Louis xiii y fut[1], et qu’il y établit un parlement, une chambre des comptes et la religion catholique romaine, que Pau étant devenu une ville fort peuplée, et lui y étant seul marchand, il s’enrichit en peu de temps, et gagna près de cent mille livres. Se voyant si accommodé, sa plus grande ambition fut de faire l’aîné de trois fils qu’il avoit avocat au parlement de Navarre, séant à Pau. Ce garçon, qui avoit un grand feu d’esprit, et qui étudia assez bien, parvint au but où son père avoit borné son ambition ; et ayant été reçu avocat, plaida quelques causes avec succès.

En ce même temps la femme d’un conseiller au parlement, nommé M. de Casaux, avoit une femme de chambre qu’elle aimoit beaucoup ; et comme elle avoit grande part en la confidence de sa maîtresse, elle ne cachoit aussi à sa maîtresse pas un de ses secrets. Le jeune Bartet alloit souvent dans cette maison ; et étant devenu amoureux de cette fille, il ne la trouva pas fort cruelle ; de sorte qu’il en obtint avec assez de facilité ce qu’il désiroit. Il alloit souvent à une maison de campagne de ce conseiller, où la dame passoit la plus grande partie de l’été ; et comme elle faisoit coucher avec elle cette femme de chambre favorite, et qu’elle savoit l’intrigue qui étoit entre elle et Bartet, on dit qu’elle souffroit qu’il couchât avec elle dans sa propre chambre. Le mari ayant aperçu quelque chose de ces amourettes, les épia un jour, et les surprit sur

  1. Y fut : En 1620. (Voyez les Mémoires de Fontenay-Mareuil, tome 50, page 496, première série de cette Collection.)