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MÉMOIRES

quitter, l’on a changé mon ordre, et je suis arrivée ici d’hyer au soir, après avoir fait soixante lieues de marche. Je vous supplie de me faire sçavoir des nouvelles de la santé de M. le S., si vous en avez. Je crois qu’il n’y aura pas de mal à cela, et qu’ils ne le trouveront pas mauvais à la cour, quand les lettres seroient vues.

Faites-moi sçavoir quand vous serez à Paris, et me croyez vostre, etc. »


SUR BARTET, secrétaire du cabinet[1].

Un paysan de Béarn, d’un village à deux lieues de Pau, étant venu à Paris, y fut laquais ou portier, et ensuite se maria à la parente d’un prêtre fort dévot, nommé Charpentier, laquelle étoit de Chaillot, petit village à une lieue de Paris. Au bout de quelque temps, n’ayant tous deux que cent francs environ pour tout bien, Bartet (c’est ainsi que le mari s’appeloit) propose à sa femme de s’en aller tous deux en Béarn, sur l’espérance qu’il avoit d’y faire quelque profit par son industrie. Elle y consent : ils achètent un cheval de cinquante francs sur lequel ils s’en vont tous deux, et les autres cinquante francs pour les frais de leur voyage. Étant arrivés au lieu de sa naissance, il vend le peu de bien qu’il y avoit, et s’en va à Pau, où il lève une petite boutique de mercier pour vendre des verres, des bouteilles, des allumettes, et autres choses de peu de prix. Il n’y avoit alors aucun marchand dans Pau, qui n’étoit presque qu’un village, considérable seulement par le château, estimé la principale maison des princes de Béarn ; mais le conseil souverain et tous leurs officiers se tenoient à

  1. Manuscrit de Conrart, tome 5, page 83