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DE CONRART.

venir, il dit à M. d’Avaux qu’il croit juste qu’il choisît des emplois en la charge pour ceux qui lui plairoient le plus. M. d’Avaux lui dit que M. Pépin étoit homme de mérite, et qu’il considéroit extrêmement ; qu’il le désiroit pour son premier commis, et qu’il seroit bien aise qu’il eût la guerre. M. d’Emery répondit que c’étoit le plus beau et le plus honorable de la charge ; mais qu’il consentoit de bon cœur qu’il la donnât à M. Pépin, ne voulant rien que ce qui lui seroit agréable. Comme il vit que c’étoit une chose résolue, il dit comme par manière d’acquit et en passant à M. d’Avaux : « J’ai avec moi…[1], qui est un bon garçon, et qui fera bien les états de l’épargne si vous le trouvez bon, parce qu’il a toujours été nourri dans cette nature d’affaires. » M. d’Avaux, qui ne savoit encore ce que c’étoit, lui dit qu’il le vouloit bien ; et l’autre lui repartit : « Monsieur, cela demeure donc arrêté. » Ce jour même on représenta à M. d’Avaux combien il lui importoit que ce que faisoit M. Tubeuf fût fait par une de ses créatures, pour se conserver l’autorité de la charge ; mais Pépin ayant plutôt regardé à la qualité de conseiller d’État et à douze mille livres d’appointemens attachés à l’emploi de la guerre, qu’à la conséquence de celui de l’épargne, et croyant d’ailleurs que M. Tubeuf ne voudroit point le quitter, et qu’ainsi la guerre seroit l’emploi le plus utile et le plus assuré, il se détermina à suivre sa première pensée ; si bien que M. d’Avaux acquiesça à ce qu’il voulut.

  1. J’ai avec moi…; Ce nom est en blanc au manuscrit. Il paroît que d’Emery ne nomma pas dans ce moment sa créature. C’étoit un maître des comptes nomme Guerapin, ainsi qu’on le voit plus bas.