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DE CONRART.

Chavigny, et qu’il approuvoit tout ce qu’il faisoit comme très-utile au bonheur de la France, dont, à son compte, il alloit être le restaurateur ; tant il est aisé de prévenir un esprit crédule et préoccupé comme est celui-ci, qui est toujours le mieux intentionné du monde, mais qui se laisse aisément prévenir, et qui juge que tout le monde est aussi homme de bien que lui, pourvu qu’on le lui die avec de l’esprit et de belles paroles.

SUR LA DUCHESSE DE LONGUEVILLE.[1]

Pendant la prison des princes, on avoit proposé de les faire sortir et de les accommoder avec la cour, par le moyen du mariage du prince de Conti avec une des nièces du cardinal : ce que madame de Longueville appréhendoit sur toutes choses ; et quoiqu’elle eût autant de haine pour les frondeurs que pour le cardinal, elle aimoit pourtant mieux leur avoir l’obligation de sa liberté et de celle des princes qu’à lui, à cette condition-là (j’ai vu ce sentiment écrit de sa propre main). Durant qu’elle a été à Stenay, la princesse palatine étoit ici sa correspondante la plus confidente. Monsieur étoit celui qui faisoit tenir ses lettres aux princes, et qui lui envoyoit leurs réponses très-fréquentes. Il y en a eu quelques unes de perdues, que la cour a vues ; mais un très-grand nombre ont été rendues sûrement. Elle rompit avec Tracy, qui avoit rendu de longs et importans services à M. de Longueville et à elle ; et il revint en France

  1. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 207.