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MÉMOIRES

sa volonté touchant cette cassette, et qu’ainsi elle pourroit faire condamner Saint-Quelain et Bagnols à la lui rendre s’ils en faisoient difficulté, elle commença à leur exagérer sa grande famille, le peu de bien qu’elle trouvoit, le malheur du temps présent, l’appréhension de l’avenir, la persécution qu’ils avoient à craindre ; que les premiers pauvres auxquels on étoit obligé de subvenir étoient ses propres enfans, etc. ; et qu’ainsi elle les prioit de considérer qu’elle ne devoit point consentir à de si grandes charités, qui seroient cruelles contre sa famille. Ils lui répondirent qu’il n’étoit point besoin de leur alléguer tant de raisons ; qu’ils savoient bien que son mari n’ayant rien écrit de son intention, elle pouvoit disposer du dépôt dont eux-mêmes lui étoient venus donner connoissance ; qu’ils étoient prêts de le lui remettre ; qu’elle considérât seulement ce que son mari avoit fait pour la décharge de sa conscience, et ce qu’il vouloit en déclarer, s’il n’eût pas été surpris en un moment par la léthargie ; que c’étoit à elle à examiner ce qu’elle étoit obligée de faire là-dessus ; et que comme la chose étoit délicate et importante, ils lui conseilloient de ne s’en croire pas, mais de consulter des personnes habiles et pieuses, qui pussent mettre sa conscience en repos. Il fut enfin convenu de quelques docteurs de Sorbonne, qui, ayant été consultés, la firent résoudre de donner aux pauvres une partie de cette grande somme que son mari avoit destinée tout entière, à condition de retirer le surplus ; mais tout ce qu’ils purent obtenir fut qu’elle en laisseroit environ cent mille livres entre les mains de Saint-Quelain et de Bagnols pour les distribuer en aumônes, et qu’ils