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DE CONRART. [1652]

l’esperance de l’avancement de sa famille, et qui avoit toujours si bien vécu avec elle, que, bien qu’elle n’eût qu’un esprit médiocre et de bourgeoisie, qu’elle fût estimée sans amitié et peu capable de bien garder un secret, il lui communiquoit toutes choses, et même les plus importantes ; outre qu’étant mort dans l’engagement d’un parti contraire au Roi, il ne laissoit personne pour appuyer sa famille, parce que son fils aîné[1], qui est conseiller au parlement, n’a aucune des qualités nécessaires pour cela, son père l’ayant toujours jugé tel lui-même, et tous les autres étant fort jeunes, et incapables d’agir. Comme elle est d’humeur intéressée, et avare au dernier point, une des premières choses à quoi elle pensa fut de voir ce que son mari laissoit de bien ; et n’ayant pas trouvé tout ce qu’elle croyoit, elle se plaignit fort haut que ses enfans seroient gueux, et que ses filles n’auroient peut-être pas de chemises. Au bout de quelques jours Saint-Quelain et Bagnols la vinrent trouver, et lui dirent que son mari les avoit rendus dépositaires d’une cassette où il leur avoit dit qu’ils trouveroient pour huit ou neuf cent mille livres d’effets, et dont il avoit même donné la clef à Saint-Quelain, afin que s’il venoit faute de lui, ou que Dieu lui redonnât sa santé, il pût distribuer aux pauvres ce qu’il y trouveroit, sans qu’il eût besoin d’aucun ordre ni d’aucun consentement de lui. La veuve parut fort surprise de ce discours ; et sachant que son mari n’avoit pu écrire

    nal, et Conrart y a substitué ceux-ci : en qui consistoit. La première leçon a semblé préférable.

  1. Son fils aîné : Armand-Léon Le Bouthillier, comte de Chavigny, maître des requêtes, mourut en 1684.