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MÉMOIRES

de Vincennes, dont il avoit le gouvernement ; et elle sembloit n’y avoir pas grande répugnance, sur la crainte qu’elle avoit que sa famille ne fût maltraitée de la cour, si quelques-uns de ses amis fidèles, entre autres la duchesse d’Aiguillon, ne lui eussent fait connoître que le premier pas qu’elle feroit contre le service du Roi causeroit la ruine d’elle et de ses enfans ; et qu’ayant de grands biens à conserver, elle devoit se mettre en état d’être bien traitée de la cour, et assistée des amis qu’elle y auroit, en demeurant dans le devoir, auquel toutes sortes de raisons l’obligeoient. Elle ne s’engagea donc à rien, et il fut résolu que l’on recevroit dans ces deux places ceux qui se présenteroient pour y entrer de la part du Roi ; aussi bien étoit-il déjà le maître dans Antibes, qui étoit la principale, d’où le cardinal avoit trouvé moyen de faire sortir Campels, qui étoit lieutenant de Chavigny, lequel on disoit lui avoir donné ordre de s’en assurer pour le service des princes.

Un exempt fut envoyé dans le bois de Vincennes, et l’on fut assez long-temps sans disposer du gouvernement. Le bruit couroit que le cardinal le vouloit garder pour lui, n’ayant point de maison de campagne, et celle-ci étant agréable et à sa bienséance, puisqu’elle étoit forte, et très-proche de Paris.

La veuve de Chavigny ne parut pas extrêmement affligée ; elle a toujours été estimée d’humeur fort indifférente, et sans amitié. Mais on s’étonnoit de ce qu’au moins par intérêt, si ce n’étoit par tendresse, elle ne sentoit pas plus vivement la mort d’un mari jeune, habile, et qui soutenoit seul[1] tout l’honneur et toute

  1. Et qui soutenoit seul : Ces mois sont raturés an manuscrit origi-