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MÉMOIRES

où étoit ce qu’il contenoit, ou s’il avoit été vendu ; mais toujours avec une grande indifférence, et ne portant jamais les yeux sur lui, mais sur Garnier, quand elle les levoit en haut. Un peu après qu’ils eurent commencé, le marquis de La Vieuville et le président de Thoré vinrent demander le président Le Coigneux, qui fut obligé de descendre pour leur parler, et madame de La Leu vint aussi pour rendre visite à la présidente : ce qui fit craindre à Garnier et à sa femme, qui espéroient faire le raccommodement cette après-dînée-là, que si cette femme faisoit sa visite longue, ils ne pourroient venir à bout de le retenir, et que peut-être une autre fois l’occasion ne s’en offriroit pas si favorable ; de sorte que Garnier envoya sa femme au bas du degré prier madame de La Leu de n’être pas long-temps avec la présidente, afin qu’ils pussent renouer la conférence d’elle et de son mari : car, pour le marquis de La Vieuville et le président de Thoré, ils jugeoient bien qu’ils ne tarderoient pas long-temps à le quitter. En effet, il en arriva ainsi ; et toutes ces personnes s’en étant allées, Garnier pria le président de remonter à la chambre de sa femme pour achever ce qu’ils avoient déjà ébauché. Il y retourna donc, et recommença la vérification des articles qui restoient ; et comme Garnier vit qu’ils étoient en train d’achever cet ouvrage assez doucement, il se retira, et les laissa tous deux seuls. Ils y furent jusqu’à onze heures du soir. Le président lui conta depuis qu’après qu’il s’en fut allé ils s’étoient querellés, fait mille reproches et dit mille injures ; qu’après ils s’étoient radoucis ; qu’ils avoient pleuré tous deux ; qu’ils s’étoient embrassés, et dit mille dou-