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DE CONRART.

de parole ; que la supérieure des religieuses chez qui elle s’étoit retirée l’avoit assurée de sa part qu’il lui donneroit cette satisfaction, qui étoit la seule qu’elle désiroit ; et que lui-même lui ayant promis indéfiniment de faire tout ce qu’elle désireroit pourvu qu’elle revînt avec lui, c’étoit la traiter plus mal que jamais que de lui tenir cette rigueur, après qu’elle étoit revenue avec tant de franchise, et d’une manière si obligeante pour lui. Garnier néanmoins l’adoucit le mieux qu’il put, et par toutes les raisons qu’il lui allégua lui fit comprendre qu’après ce qui s’étoit passé, si elle s’opiniâtroit encore à vouloir que son mari fit une chose où il croyoit qu’il alloit de son honneur, elle n’en pouvoit recevoir que du déplaisir. Elle donna en quelque façon les mains à souffrir ce qu’elle ne pouvoit empêcher : mais comme les femmes avec qui elle avoit accoutumé de se divertir ne la voyoient plus depuis qu’elle s’étoit résolue à revenir chez elle sans le leur communiquer, la solitude où elle se trouvoit lui étoit fort ennuyeuse, et elle se considéroit comme méprisée de son mari, séparée de ses proches, et abandonnée de ses amis. La femme de Garnier fut la seule qui l’alla voir dès le jour de son retour, qui l’en loua, et lui protesta avec grande tendresse d’être absolument à elle, et d’y vouloir demeurer inviolablement attachée. Elle reçut d’autant plus favorablement ces témoignages d’amitié, qu’elle n’en recevoit plus de personne ; de sorte qu’elle la conjura instamment de la voir à toute heure pour la consoler dans ses déplaisirs. Au bout de quelques jours, d’autres femmes de sa connoissance la vinrent voir, avec lesquelles elle commença une petite société pour jouer