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MÉMOIRES

mari. Elle y eut d’autant moins de peine, qu’au milieu de tout son dépit et de toute sa colère elle conservoit toujours de l’affection pour lui, et étoit plutôt animée de jalousie que de haine ; joint qu’ayant reconnu que les femmes qui jusque là avoient été confidentes de la présidente étoient celles qui lui avoient mis le plus d’aigreur dans l’esprit, elle la sut ménager de telle sorte, qu’elle prit résolution de se raccommoder sans leur en parler ; de quoi elles furent fort piquées, et particulièrement sa sœur, femme de Galland. La délibération étant donc prise, et le président ayant été averti, il s’en alla au monastère, où il parla à sa femme et à la supérieure, à qui il promit de lui donner toute la satisfaction qu’elle désireroit ; et lui ayant offert de la remettre en son logis dans son carrosse, elle le pria de la laisser aller en chaise, parce qu’elle se trouvoit mal ; à quoi il acquiesça, et même l’y fit accommoder avec des carreaux qu’il avoit fait apporter. Aussitôt qu’elle fut arrivée chez eux, il lui donna deux cents louis d’or, lui disant qu’elle en feroit ce qu’il lui plairoit ; et qu’il ne vouloit plus qu’elle se plaignît qu’il ne lui donnoit point d’argent.

Le lendemain, il lui fit encore confirmer par Garnier qu’il feroit tout ce qu’elle désireroit pour son contentement, à la réserve de deux choses : la première fut qu’elle ne verroit point sa sœur, ni quelques autres personnes qui n’avoient pour but que de les mettre mal ensemble ; et la seconde, qu’elle ne lui parleroit point de chasser le valet contre lequel elle avoit témoigné tant d’aversion. Sur cela elle se plaignit hautement, disant qu’il lui manquoit