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NOTICE


Par miracle on te voit sauvé ;
Mais Balzac n’est plus rien qu’une ombre.
Tous deux vous portiez le denier
Que l’on donne au vieux nautonnier
Sur le triste et sombre rivage :
Mais Balzac a fait un effort
Pour franchir tout seul le passage,
Et t’a laissé dessus le bord.

Ce père des grands sentimens,
De qui les grâces naturelles
Mêloient dans ses raisonnemens
L’éclat de tant de fleurs nouvelles,
Balzac est descendu là-bas ;
Et sa plume, dont les combats
Terrassoient partout l’ignorance,
N’a pu garantir du tombeau
Celui qui fit voir à la France
Ce que les lettres ont de beau.

Ô rigueur sans comparaison !
Cet homme, avec tout l’avantage
Des lumières de la raison,
Est passe comme un feu volage.
Mais quoi ! c’est un ordre du sort,
Que jamais la faux de la Mort
Ne respecte les belles choses ;
Et, dans les premières chaleurs,
On voit toujours passer les roses
Plus vite que les moindres fleurs[1].

Pellisson et mademoiselle de Scuderi furent aussi au nombre des amis particuliers de Conrart, qui ne pouvoit se défendre d’un sentiment de jalousie à la vue des préférences dont Pellisson paroissoit être l’objet. Conrart étoit désigné dans leur intimité sous les noms de Philandre ou de Théodamas ; c’est sous ce dernier déguisement qu’il adressoit son encens à Sapho(mademoiselle de Scuderi), qu’il correspon-

  1. Manuscrits de l’Arsenal, n°902 (Histoire), tome 18, page 69.