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MÉMOIRES

faire faire son portrait et le mettre sur sa cheminée, afin de l’avoir toujours devant les yeux, et de s’accoutumer à la voir pour apprendre à la souffrir, parce qu’elle lui étoit insupportable ; et il persécuta tant sa femme de renvoyer cette fille, qu’enfin elle fut contrainte de le faire.

Ce qui augmentoit encore le désordre étoit la femme de Galland, sœur de la présidente Le Coigneux (les deux frères avoient épousé les deux sœurs), laquelle étant d’une humeur aigre et fière, et ayant toujours applaudi à toutes les passions de sa sœur dans l’espérance de sa succession, la portoit en cette rencontre à se faire séparer d’avec le président, afin qu’elle retirât son bien, qu’en cas qu’elle vînt à mourir ils eussent eu trop de peine à se faire rendre par le mari, s’il en demeuroit en possession. Elles avoient aussi un frère nommé Le Camus comme elles, qui étoit le plus impertinent homme du monde, et dont il n’y avoit personne qui ne tâchât d’éviter la conversation. Ce galant homme sachant que le président le méprisoit, comme recevant toujours de lui des rebuffades telles qu’il les méritoit, pour s’en venger aigrissoit de tout son pouvoir l’esprit de sa sœur ; de sorte que les choses en vinrent à telle extrémité, que cette femme, emportée de colère et de jalousie, ne voulut plus qu’on lui apprêtât à manger à la cuisine, mais dans une petite chambre haute, et proche du grenier. Elle se barricadoit dans sa chambre avec son frère, sa sœur, et quelques femmes du quartier qui étoient aussi ses adoratrices, sans vouloir permettre que son mari y entrât. C’étoit de ces personnes qu’étoit composé son conseil, toutes ces femmes lui disant