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[1652] MÉMOIRES

au public, si Sa Majesté lui commandoit de lui en lire quelque chose, il croyoit que ce seroit un sujet assez propre pour lui faire connoître la douleur de la compagnie de ne se pouvoir pas mieux acquitter de ce qui étoit dû à une si grande reine, et de ce qu’elle devoit être sitôt privée de sa vue par le prompt départ de Sa Majesté. Cette lecture étant achevée, à laquelle la Reine donna beaucoup d’attention, monseigneur le chancelier demanda si quelqu’un avoit des vers pour entretenir Sa Majesté. Sur quoi M. Cotin en ayant récité quelques uns du poëte Lucrèce qu’il avoit mis en français, la Reine témoigna y prendre grand plaisir. M. l’abbé de Boisrobert récita aussi quelques madrigaux qu’il avoit faits depuis peu sur la maladie de madame d’Olonne ; et M. l’abbé Tallemant un sonnet sur la mort d’une dame. Après cela M. de La Chambre demandant encore quelque chose, M. Pellisson lut une petite ode d’amour qu’il a faite, à l’imitation de Catulle, et d’autres vers sur un saphir qu’il avoit perdu et qu’il retrouva depuis, qui plut aussi extrêmement à Sa Majesté, à laquelle on lut un cahier entier du dictionnaire contenant l’explication du mot de jeu, pour lui faire connoître quelque chose du travail présent de la compagnie ; et cela étant achevé, la Reine se leva, et fut reconduite à son carrosse par monseigneur le chancelier, suivi de tous les académiciens ; et Sa Majesté partit le lendemain de Paris pour s’en retourner à Fontainebleau, où elle ne coucha que deux nuits, après lesquelles elle se mit en chemin pour retourner en Italie.

Le dessein de monseigneur le chancelier étoit que l’Académie s’assemblât dans la chambre de M. de