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[1652] MÉMOIRES

lier, qui la fut recevoir à son carrosse avec tous les académiciens en corps ; et l’ayant conduite dans son antichambre au bout de la salle du conseil, où étoit une table longue, couverte du tapis de velours vert à franges d’or qui sert lorsque le conseil des finances se tient, la reine de Suède se mit dans une chaire à bras au bout de cette table du côté des fenêtres, monseigneur le chancelier à sa gauche, du côté de la cheminée, sur une chaise à dos et sans bras, laissant quelque espace vide entre Sa Majesté et lui ; M. le directeur étant de l’autre côté de la table, vis-à-vis de monseigneur le chancelier, mais un peu plus bas et plus éloigné de la table, debout, et tous les académiciens aussi. Il lui fit un compliment qui ne contenoit qu’une excuse de ce que l’Académie se trouvant surprise de l’honneur qu’elle lui faisoit, elle ne s’étoit pas préparée à lui témoigner sa joie et sa reconnoissance d’une si glorieuse faveur, selon le mérite de cette grâce et le devoir de la compagnie ; que si elle en eût eu le temps, elle auroit sans doute donné cette commission à quelqu’un plus capable que lui de s’en mieux acquitter ; mais que s’en trouvant chargé, par l’avantage que la fortune loi avoit fait rencontrer de présider la compagnie en une si heureuse rencontre, il étoit obligé de dire à Sa Majesté que l’Académie française n’avoit jamais reçu de plus grand honneur que celui qu’il lui plaisoit de lui faire. À quoi la Reine répondit qu’elle croyoit qu’on pardonneroit à la curiosité d’une fille qui avoit souhaité de se trouver en une compagnie de tant d’honnêtes gens, pour qui elle avoit toujours eu une estime et une affection particulière.

Ensuite on proposa si les académiciens seroient assis