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[1652] MÉMOIRES

hommes[1] ; le duc de Beaufort, le comte de Bury, fils du marquis de Rostaing, et trois gentilshommes[2]. Le duc de Nemours avoit fait porter dans son carrosse deux pistolets chargés de cinq balles chacun. Il en donna un au duc de Beaufort, et retint l’autre, qu’il tira d’abord avec précipitation. Il donna dans les cheveux du duc de Beaufort, lequel voyant qu’il avoit évité le coup, dit au duc de Nemours qu’il se devoit contenter, et qu’il lui donneroit la vie s’il la lui demandoit. Le duc de Nemours répondit qu’il ne la lui demanderoit jamais ; et ayant mis l’épée à la main à l’instant qu’il eut tiré son pistolet, il se mit en devoir de porter un coup au duc de Beaufort, qui en eut la main un peu blessée ; et à l’instant même il tira son pistolet, dont il donna droit dans l’estomac du duc de Nemours, et lui perça le cœur au-dessous de la mamelle droite. Villars et Bury se blessèrent tous deux ; et ayant vu tomber le duc de Nemours, ils y accoururent, et les six autres gentilshommes aussi. Dès que le combat commença, madame de Rambouillet[3], religieuse, qui se promenoit avec l’abbé de Saint-Spire[4] dans le jardin de l’hôtel de Vendôme, sortirent par une porte de derrière, et y coururent ; mais ils ne purent arriver assez à temps pour les empêcher. Tous deux approchèrent du duc de Nemours pour l’exhorter à penser à Dieu, et l’abbé de Saint-Spire lui donna l’absolution ; mais on croit qu’il n’entendoit déjà plus,

  1. Le duc de Nemours avoit avec lui Villars, le chevalier de La Chaise, Campan, et le sieur d’Uzerches, capitaine de ses gardes.
  2. Le duc de Beaufort avoit pour seconds le comte de Bury, de Ris, Brillet et d’Héricourt.
  3. Madame de Rambouillet : L’une des sœurs de la duchesse de Montausier.
  4. L’abbé de Saint-Spire : Mademoiselle de Montpensier l’appelle l’abbé de Saint-Pierre.