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missent point en peine, et qu’ils lui en laissassent le soin.

Avant que les princes se fussent rendus maîtres dans Paris, ensuite de ce qui se passa en l’hôtel-de-ville le 4 juillet, ils souhaitoient tous deux extrêmement que l’accommodement se fît ; et ils eussent consenti à souffrir le retour du cardinal et son affermissement dans la cour, pourvu qu’il se fût seulement éloigné pour quelques jours. Un prédicateur de la duchesse d’Orléans, nommé Siron, homme pieux et plein de zèle pour la paix, voyant cette duchesse en inquiétude pour faire sortir son mari de cette affaire à quelque prix que ce fût, s’offrit d’aller trouver la Reine de sa part avec une lettre de créance, laquelle lui étant donnée, et l’ayant rendue à Sa Majesté, il lui expliqua l’objet de sa mission, qui étoit que si elle vouloit éloigner de la cour M. le cardinal pour quelque peu de temps qu’il lui plairoit, Madame lui donnoit parole, en foi de princesse chrétienne, que Monsieur feroit tout ce qu’il lui plairoit, et que même il consentiroit au retour et à l’affermissement de M. le cardinal dans le ministère mais qu’elle supplioit Sa Majesté de considérer combien l’honneur de Monsieur étoit engagé à ne s’accommoder point sans cela, après tant de protestations qu’il en avoit faites, et cet éloignement étant désiré généralement de tous les peuples de Paris et des provinces. La Reine lui répondit : « Et Monsieur et Madame ne considèrent-ils point l’honneur de mon fils et le mien, qui me doivent être plus chers que le leur ? Non, je ne souffrirai jamais qu’il s’éloigne. » Le prédicateur lui représenta durant l’espace d’une heure entière tous les malheurs que la guerre causoit