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DE CONRART. [1652]

que les princes leur pourroient faire, n’ayant aucune protection d’ailleurs. Le cardinal Mazarin appeloit ces assemblées qui se faisoient chez Renard le sabbat.

Le lundi 22 au soir, M. le prince voulant donner quelque ordre à des officiers des troupes de M. d’Orléans, en vertu de sa qualité de général des armées, qui lui est donnée par l’arrêt du samedi, les envoya chercher ; et comme ils ne se trouvèrent point, il fit fort grand bruit, et il eut quelque soupçon qu’ils ne lui vouloient pas obéir ; de sorte qu’il s’opiniâtra à vouloir qu’on les fît venir. Enfin ceux qui eurent charge de les chercher firent une perquisition si exacte, qu’ils trouvèrent qu’ils étoient allés mener deux cents hommes chez le cardinal de Retz pour le garder, et que tous les jours on lui en menoit autant des troupes de M. d’Orléans. Quand M. le prince sut cela, il jura et tempêta d’une étrange sorte. Le duc de Beaufort, qui étoit avec lui, l’assura que cela s’étoit fait sans la participation de Son Altesse Royale ; qu’il falloit casser ces officiers-là ; mais qu’il lui conseilloit de le demander à M. d’Orléans sans s’échauffer. Chavigny fut aussi de même avis ; et du même pas ils allèrent tous trois chez M. d’Orléans, auquel ils dirent ce qu’ils venoient d’apprendre. Ils le trouvèrent fort embarrassé, et cherchant à s’échapper d’eux sans rien prononcer sur cette action. Mais comme on le pressa de casser des officiers qui abusoient ainsi du nom de Son Altesse Royale pour aller garder l’ennemi déclaré de M. le prince (Beaufort et Chavigny appuyoient d’autant plus qu’il est aussi le leur ouvertement déclaré), il fut contraint enfin de leur dire entre ses dents qu’il y falloit donner ordre, qu’il les casseroit, qu’ils ne s’en