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DE CONRART. [1652]

Chavagnac, qui est des plus francs du métier, et qui n’entend point de finesse quand il est question de mettre l’épée à la main, fit savoir à Rohan que Tonquedec n’étoit nullement satisfait de son procédé, et qu’il lui apprenoit que le duc de Brissac, le comte Du Lude et lui vouloient tirer raison de l’affront qu’il avoit fait à Tonquedec, afin qu’il prît ses mesures sur cela, qu’il se pourvût de deux amis, et qu’il les fît avertir quand il pourroit se délivrer de ses gardes. Mais la duchesse de Rohan étoit une autre garde bien plus difficile à éviter que celui que M. d’Orléans lui avoit donné, car elle faisoit veiller son mari en tous lieux, de peur qu’il ne s’échappât ; et les malicieux disoient qu’elle n’y avoit pas tant de peine qu’elle le vouloit faire croire.


17 juillet 1652[1].

Le Roi partit de Saint-Denis le mercredi 17 juillet 1652, pour aller coucher à Pontoise. Quoique Mancini, neveu du cardinal, fût à l’extrémité, on ne laissa pas de le transporter dans un brancard pour lui faire suivre la cour, de peur qu’en le laissant à Saint-Denis les troupes des princes, qui auroient pu y aller, ne lui fissent quelque insulte. Le cardinal considéra aussi que quand on l’auroit laissé mourir à Saint-Denis, il n’y auroit point eu de sûreté de l’y enterrer ; et que, soit des soldats des princes, soit de la populace de Paris, il y auroit pu aller des gens pour exercer sur son corps les effets de la haine que l’on portoit à son oncle. Il mourut à Pontoise, où on l’enterra ;

  1. Manuscrits de Conrart, tome 17, page 827.