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SUR CONRART.

voient heureusement confondus pêle-mêle dans la foule d’une infinité d’excellens auteurs, historiens, poètes, philosophes, orateurs…, sans distinction et sans préséance[1]. »

Il ne nous appartient pas de tracer ici l’histoire de cette illustre compagnie : ce soin est réservé à une plume et plus habile, et plus initiée dans les secrets de ses archives. Nous n’avons pu cependant nous dispenser d’appeler les souvenirs des lecteurs sur l’origine de cette Société, qui se confond avec l’existence littéraire de Conrart.

Le fondateur de l’Académie n’étoit pas seulement un homme de goût et un ami des lettres ; il étoit surtout un homme de bien, dans le cœur duquel on trouvoit toutes les vertus qui donnent du charme au commerce de la vie. D’Olivet peint ainsi le caractère de Conrart, dont il s’étoit souvent entretenu avec l’abbé de Dangeau[2] : « On nous en parle, dit-il, comme d’un homme qui avoit souverainement les vertus de la société. Il gouvernoit son bien sans être ni avare ni prodigue, et il savoit tirer d’une médiocre fortune plus d’agrémens pour lui et pour ses amis, que la fortune la plus opulente n’en produit aux autres. Il étoit touché des malheurs d’autrui, et trouvoit les moyens d’y subvenir par des voies qu’on n’apercevoit point. Il avoit le cœur très-sensible à l’amitié ; et lorsqu’une fois on avoit la sienne, c’étoit pour toujours. S’il y avoit des défauts dans sa conduite à cet égard, c’étoit de trop excuser. Peu

  1. Discours de messieurs de La Chambre, page 20. —
  2. Louis de Courcillon, abbé de Dangeau, mort en 1728, à l’âge de quatre-vingts ans, avoit passé avec Conrart une partie notable de sa vie.