de la chaleur et de la fatigue (car il est gras et malsain), qu’il fut contraint de s’asseoir sur une pierre pour reprendre un peu haleine : un marchand du voisinage l’ayant aperçu, courut à lui et le voulut tuer, disant que c’étoit sans doute un mazarin qui se vouloit sauver. En ce danger Bitaut reprit cœur, et lui dit qu’il n’étoit point mazarin, mais qu’au contraire il avoit pensé périr en s’efforçant de le chasser du royaume ; qu’il avoit été commissaire du parlement, et long-temps prisonnier pour cet effet. Enfin il se nomma, et par ce moyen il réduisit le marchand, au lieu de le tuer, à le mener chez lui, où il lui fit prendre du vin, et le fit reconduire avec une escorte.
Un procureur au parlement, nommé Saussoy, avoit capitulé avec quatre personnes à vingt pistoles pour le ramener chez lui ; et comme ils se présentèrent à la première chaîne, il trouva que la compagnie de son quartier y étoit de garde, et que ses enfans, qui étoient en une étrange peine de ce qu’il étoit devenu, s’y rencontrèrent aussi au même temps qu’il se présenta pour passer. Aussitôt qu’ils l’eurent aperçu, ils firent de grands cris de joie ; et les gardes l’ayant reconnu aussi, non seulement le laissèrent passer, mais lui aidèrent, sans vouloir pourtant que les quatre hommes qui l’accompagnoient passassent, quelques instances qu’ils en fissent, et lui-même aussi leur disant qu’il reconnoissoit qu’il leur étoit redevable de la vie ; enfin, les voyant si opiniâtres à leur refuser le passage, il leur cria : « Je vous ai dit mon nom et ma demeure ; quand vous m’y viendrez trouver, vous verrez si je suis
nous-meme assuré ; et en demandant cette indication sur le lieu même, nous avons de fort bien compris.