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NOTICE

qui disent bien dans les chaires ce qu’il faut dire, mais autrement qu’il ne faut[1]. » Ce beau péristyle d’un grand monument a été depuis abandonné ; mais le projet qui en fut tracé n’en fait pas moins connoître l’esprit qui dirigea les travaux des premiers académiciens.

Conrart, tout à la fois secrétaire perpétuel de l’Académie et secrétaire du Roi, fut chargé, en cette double qualité, de dresser le protocole des lettres patentes de la fondation de l’Académie française. Elles furent signées au mois de janvier 1635 ; et Pierre Seguier, garde des sceaux, depuis chancelier de France, non seulement s’empressa de les sceller aussitôt qu’elles lui furent présentées, mais il fit témoigner à la compagnie son désir d’être compté au nombre de ses membres. L’exemple de cet illustre ami des lettres, qui devoit un jour succéder à l’honneur de protéger l’Académie, fut bientôt suivi par messieurs Servien, de Montmort, Du Châtelet, Bautru, et par d’autres personnages éminens de la magistrature ou du conseil d’État ; de sorte que cette société nouvelle n’avoit plus que des traits de ressemblance avec la première Académie fondée par Conrart. Elle étoit tout-à-coup devenue ce que les siècles qui ont suivi l’ont vue ; et, pour nous servir des expressions de l’abbé de La Chambre, « c’étoit une Académie glorieuse et triomphante...., revêtue de la pourpre des cardinaux et des chanceliers, protégée par le plus grand roi de la terre...., remplie de princes de l’Église et du sénat, de ministres, de ducs et pairs, de conseillers d’État...., qui, se dépouillant tous de leurs grandeurs......., se trou-

  1. Histoire de l’Académie, tome 1. pages 21 et 23.