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DE CONRART. [1652]

persuadé ; et l’on croit même qu’il n’y a que vous qui en êtes l’auteur, et que M. d’Orléans n’en a point de part[1]. »

Comme ceux du parti des princes virent que cette créance devenoit ainsi générale, ils donnèrent ordre que l’on publiât des monitoires dans les paroisses, le dimanche 14 juillet, pour révéler ce qu’on savoit des auteurs de cette sédition : mais comme cela ne fut fait que pour sauver les apparences, il n’y eut aussi que les niais qui s’y laissèrent attraper, et l’opinion n’en fut ni moins publique ni moins forte dans l’esprit de ceux qui l’avoient auparavant.

Ferrand, conseiller aux enquêtes, fils unique du conseiller en la grand’chambre, étoit aussi partisan déclaré des princes, et il s’imagina comme les autres qu’il n’avoit qu’à se montrer pour faire cesser tout ce bruit ; mais il ne parut pas plus tôt, qu’il fut tué aussi bien que Miron. Il y avoit huit ou dix ans qu’il étoit marié sans avoir eu d’enfans ; mais il laissa sa femme enceinte.

Le Maire, greffier de l’hôtel-de-ville, honnête homme et fort aimé, crut qu’étant connu de la plu-

  1. L’opinion publique accusa le prince de Condé de l’incendie et du massacre de l’hôtel-de-ville. On fit alors ces vers :

    En mémoire de l’incendie
    Arrivé tout nouvellement,
    Condé veut, quoi que l’on en die,
    Porter la paille incessamment.
    Ma foy, bourgeois, ce n’est pas jeu ;
    Craignez une fin malheureuse :
    Car la paille est fort dangereuse
    Entre les mains d’un boute-feu.

    (Recueil manuscrit de Gédéon Tallemant des Réaux, bibliothèque de l’éditeur.)