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[1652] MÉMOIRES

rêtèrent, ayant bien fermé la porte. Ce lieu étoit fort étroit, de sorte qu’ils y étoient extrêmement pressés et comme il étoit aussi très-obscur, ils ne se reconnurent point. Le Gois, qui est un gros homme et fort remuant, pressoit le président Charton qui se rencontra auprès de lui, et qui lui dit qu’il l’incommodoit extrêmement ; l’autre répondit que l’on l’incommodoit autant qu’il incommodoit les autres, et qu’ils n’étoient pas là pour chercher leurs aises. Le président Charton, qui crut que ces gens-là le connoissoient, quoiqu’il n’eût ni robe longue ni sotane, car il les avoit quittées dès le commencement de l’émotion, gronda de cette réponse ; et l’autre, qui est rude et impérieux, gronda encore plus fort que lui ; si bien qu’il fut contraint de lui dire : « Savez-vous bien que vous parlez au président Charton ? » Alors ils lui firent de grandes excuses, et se réconcilièrent tous pour ne songer plus qu’à leur conservation. Ils demeurèrent là plus de cinq heures, parce qu’ils entendoient toujours un horrible bruit de tous côtés : mais enfin il leur sembla qu’il diminuoit un peu, et ils jugèrent, par la longueur du temps qu’ils avoient passé en ce lieu incommode, qu’il falloit qu’il fût nuit close ; tellement que Le Gois, plus hardi ou plus impatient que les autres, se résolut d’aller vers la cour pour apprendre en quel état étoient les choses. Il aperçut, d’une fenêtre où il s’étoit mis, un page qui tenoit un flambeau, et il lui demanda à qui il étoit. Il répondit qu’il étoit à M. de Beaufort, qu’il lui montra à quelques pas de lui. Sur cela Le Gois descend, et va représenter au duc de Beaufort que le président Charton et plusieurs députés des mieux inten-