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[1652] MÉMOIRES

virent venir les mousquetades à leur hauteur, les uns se couchèrent tout à plat, les autres s’écartèrent, cherchant les lieux les plus reculés de l’hôtel-de-ville pour se sauver. La plupart se confessèrent aux curés qui étoient parmi eux, lesquels avoient en vain essayé d’apaiser cette fureur, lorsqu’ils croyoient qu’elle ne procédoit que de la populace. La terreur étoit d’autant plus grande qu’outre les coups de mousquet et de fusil qui se tiroient sans cesse, on apporta quantité de bois à toutes les portes de l’hôtel-de-ville ; on les frotta de poix, d’huile et d’autres matières combustibles, et ensuite on y mit le feu : ce qui faisoit une fumée et une puanteur dont on étoit tellement étouffé jusque dans les appartemens les plus éloignés de la grand’salle, que tout le monde ne savoit que devenir. Les gardes du maréchal de L’Hôpital et les archers de la ville, qui étoient de garde aux portes par dedans, y avoient fait des barricades qu’ils défendirent avec beaucoup de fermeté, et autant qu’ils eurent de quoi tirer. Mais comme ils manquoient de poudre et de plomb, parce qu’ils en avoient peu sur eux, n’ayant pas cru en avoir le besoin qu’il se trouva qu’ils en eurent, et que dans l’hôtel-de-ville il ne s’y en trouva point du tout, non pas même de la chandelle quand il fit nuit (ce qui semble inimaginable), ils se résolurent de ne tirer point à faux ; de sorte qu’ils se présentoient toujours quatre de front à la fois à la défense de la barricade, et quand ils la voyoient fortement attaquée par plusieurs personnes, ils faisoient leur décharge tous quatre à la fois, puis ces quatre se retiroient, et quatre autres prenoient leur place ; de sorte que l’on assure que par ce moyen