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DE CONRART. [1652]

traordinairement M. d’Orléans de consentir à la paix ; mais qu’il ne voulut jamais se relâcher sur l’article de l’éloignement du Mazarin, quoiqu’il lui fît voir le grand péril où ils seroient quand leur armée seroit défaite, comme elle alloit l’être infailliblement. Mais ce qui est presque inconcevable, c’est que M. d’Orléans, étant appréhensif comme il est, se voyant dans le plus grand danger où il ait peut-être jamais été, ne voulut néanmoins se résoudre en aucune manière, quelques instances que Mademoiselle, sa fille, M. le le prince, M. de Beaufort, et tous les autres de son parti, lui en fissent, d’aller aux portes de la ville pour faire donner passage à l’armée. Ce ne fut même qu’à la dernière extrémité qu’il se résolut d’aller à l’hôtel-de-ville ; et sans Mademoiselle, jamais l’ordre n’eut été donné. Mais en l’allant demander, elle étoit suivie de quantité de gens armés ; de sorte qu’elle jura plusieurs fois au maréchal de L’Hôpital et au prévôt des marchands que s’ils ne le signoient, ces gens-là qu’elle leur montroit par la fenêtre le leur feroient bien signer. Elle dit beaucoup de choses étranges à ces deux messieurs ; et entre autres au maréchal de L’Hôpital, qu’elle lui arracheroit la barbe, et qu’il ne mourroit jamais que de sa main : ce qui l’intimida de telle sorte qu’enfin il signa l’ordre. Ce fut elle aussi qui fit tirer le canon de la Bastille, y étant allée exprès : et même il y en a qui disoient qu’elle avoit mis le feu de sa propre main au premier qui fut tiré.

L’ordre ayant été obtenu enfin par Mademoiselle, M. d’Orléans l’envoya à M. le prince par Soucelles, capitaine des gardes du duc de Rohan, et gentilhomme