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SUR CONRART.

Je fis que le fameux Gaulmin[1]
Eût donne toute sa science
Pour une pareille ignorance ;
Car si l’un se fit estimer,
Celui-ci sut se faire aimer :
Secret que n’a presque personne,
Et qu’à mes seuls amis je donne.
Aussi sur les plus beaux esprits
Il remporta toujours le prix :
Ainsi toujours dans les ruelles
Il fut en la bouche des belles[2].

Les académiciens s’étoient promis réciproquement de garder le secret sur l’existence de leur société ; mais Malleville en dit quelques mots à Faret, à Desmarets, puis à Boisrobert, qui étoit dans les bonnes grâces du premier ministre. Boisrobert en parla, au commencement de l’année 1634, au cardinal de Richelieu, qui, jaloux de tous les genres de gloire, et concevant aussitôt le projet de devenir le fondateur d’une société littéraire, placée sous l’égide et le sceau de l’autorité royale, chargea Boisrobert de faire de sa part aux académiciens l’offre de protéger leurs travaux et leur compagnie.

Conrart, reçu secrétaire du Roi le 19 mars 1627[3], épousa en 1634 mademoiselle Muisson[4]. On cessa à

  1. Gilbert Gaulmin, maître des requêtes, et ensuite conseiller d’État,
    mourut à Paris au mois de décembre 1665. C’étoit un critique qui s’étoit
    acquis une grande célébrité ; il a laissé divers ouvrages, et particulièrement
    des poésies latines. On lit ses vers sur la prise d’Arras dans le
    Ménagiana, tome i, page 297, édition de 1715.
  2. Dialogue de
    l’Amour et Damon, dans les Œuvres posthumes de Gilles Boileau, publiées
    par son frère ; Barbin, 1670, page 158.
  3. Tessereau, Histoire de la Chancellerie, tome i, page 354.
  4. Mémoires concernant la vie et les ouvrages de plusieurs modernes célèbres, par Ancillon ; Amsterdam, 1709, page 7.