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DE CONRART. [1652]

étoit allée la porter à la cour pour en faire signer les articles.

Un avocat nommé Guérin, gendre de Gueneau, médecin de M. le prince, qui avoit été élu capitaine de son quartier, en la place de Cramoisy, libraire, mena de son autorité privée, et sans ordre de la ville, sa compagnie en garde au bois de Vincennes, le jeudi 20, croyant être relevé le lendemain par une autre compagnie : mais les officiers ne voulurent point ouïr parler d’y aller ; de sorte que celle de Guérin y demeura plusieurs jours.

Le samedi 22, les mêmes séditieux qui s’étoient assemblés la veille à la place Royale commençoient à y revenir. Mais Brevane, doyen des conseillers de la première des requêtes du Palais, fils du président Aubry, et capitaine de son quartier, quoique grand frondeur, fit avertir tous les bourgeois de sa compagnie de tenir leurs armes prêtes ; et dès qu’il voyoit quelques mutins qui s’attroupoient, il envoyoit quinze ou vingt soldats les dissiper et les chasser. Ils en grondoient d’abord, et disoient que M. de Beaufort leur avoit ordonné de s’y trouver ; mais on leur dit qu’on ne les y souffriroit point ; et ainsi ils furent contraints de se retirer.

Cette action décria fort le duc de Beaufort dans Paris, et même parmi le peuple. Le président de Novion l’ayant rencontré au palais d’Orléans, lui dit qu’il avoit fait l’action d’un bandit, et non pas d’un prince ni d’un gentilhomme ; et plusieurs autres choses fort piquantes. On a cru que le duc de Beaufort avoit communiqué ce dessein au duc d’Orléans, qui lui avoit donné permission de l’exécuter, tant