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[1652] MÉMOIRES

mander toujours l’éloignement du Mazarin, et pour offrir de contribuer pour faire des levées. Ils étoient conduits par un grand pendard habillé de gris, qui dit en partant du Palais : « Puisqu’il n’y a rien à faire ici pour nous, allons au palais d’Orléans demander aux princes la paix ou la guerre. »

M. le prince ayant su que messieurs du parlement n’étoient point entrés, alla chez tous les présidens à mortier pour les porter à s’assembler l’après-dînée au Palais. Le président de Bailleul étant malade, il ne put parler à lui ; et la présidente sa femme lui ayant fait ses excuses, il lui demanda de quel parti elle étoit. Elle répondit qu’elle étoit pour la paix ; et il lui repartit qu’elle seroit faite dans trois jours. M. d’Orléans ayant su que les présidens et la plupart des conseillers du parlement n’avoient pas voulu s’assembler, envoya quérir les présidens ; et comme le président de Maisons sortoit du palais d’Orléans en chaise, quelques séditieux l’ayant reconnu, le poursuivirent criant au mazarin ! sur ce que l’on disoit qu’on lui avoit promis de lui rendre la surintendance. Ses porteurs se jetèrent dans une maison dont ils virent la porte ouverte ; et sans M. le prince, qui passa par hasard par là pour aller au palais d’Orléans, et qui dissipa cette troupe insolente, il eût eu grande peine à s’échapper de leurs mains. On fit encore des corps-de-garde, et des chaînes furent aussi tendues la nuit suivante. Néanmoins le bruit se répandit par toute la ville que la paix étoit arrêtée, et qu’elle avoit été signée par le duc d’Orléans et par le prince de Condé ; et que la duchesse de Châtillon, que le prince avoit voulu qui en fût la médiatrice,