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une copie sur laquelle on en prit beaucoup d’autres, où se trouvoient les lacunes qu’on remarque dans toutes les éditions[1]. L’ouvrage parut pour la première fois en 1717, Nancy, trois volumes in-12 : et l’année suivante il s’en fit deux éditions, l’une à Paris sous le titre d’Amsterdam, quatre volumes in-12, et l’autre à Rouen sous le même titre, cinq volumes in-12. Il eut un succès extraordinaire à cette époque, où le Régent donnoit à la France une impulsion tout opposée à celle qu’elle avoit reçue de Louis xiv.

Ces Mémoires peuvent être considérés comme l’un des écrits dans lesquels la langue française déploie le plus de force, de liberté et de hardiesse. Adressés à une femme aux enfans de laquelle l’auteur ne craint pas de dire qu’ils peuvent être utiles, on y trouve toute l’aisance d’une conversation animée ; et cela explique pourquoi on peut leur reprocher de manquer souvent d’ordre et de suite. Le héros s’y peint tel qu’il est, en s’efforçant cependant de donner à ses vices une sorte d’éclat ; et loin de rougir de ses égaremens, il semble regretter le rôle important qui lui fournissoit les occasions de s’y livrer. Peu de livres offrent des théories plus complètes de sédition : on y découvre tous les moyens de tromper et de soulever les peuples ; les maximes les plus dangereuses et en même temps les plus séduisantes s’y présentent avec une audace et une énergie dont il n’avoit été

  1. Il paroît certain que pendant la révolution ce manuscrit autographe tomba entre les mains du ministre de l’intérieur Bénezec, qui le destinoit à la bibliothèque du Koi : malheureusement il le confia à deux fonctionnaires de cette époque, qui négligèrent de le restituer, et près desquels on ne peut le réclamer, parce qu’il est probable qu’ils n’habitent plus la France.