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plus avoir la modestie d’un pénitent. » Quelques jours après, elle disoit à sa fille : « Quand vous lui écrirez, ne vous contraignez point. S’il vous vient quelque folie au bout de votre plume, il en est charmé « aussi bien que du sérieux. Le fond de religion n’empêche pas ces petites chamarrures. »

À la même époque on apprit la mort de Turenne, tué le 27 juillet, au moment où il alloit livrer à Montecuculli une bataille qu’il étoit sûr de gagner. Cet événement, qui fit perdre tous les fruits d’une des plus savantes campagnes de ce grand général. répandit la consternation à Paris et dans toute la France. On exaltoit les vertus et les talens de Turenne ; et ce qui peut paroître singulier, c’est que dans la société de madame de Sévigné on ne trouvoit, parmi les contemporains, que le cardinal de Retz qui pût lui être comparé : enthousiasme d’autant plus étonnant que le grand Condé vivoit encore. « Je vous conseille, disoit-elle à madame de Grignan, d’écrire à notre bon cardinal sur cette grande mort : il en sera touché. On disoit l’autre jour en bon lieu que l’on ne connoissoit que deux hommes au dessus des autres hommes : lui et M. de Turenne. Le voilà donc seul dans ce point d’élévation ! » Elle donnoit à Turenne le nom de héros de la guerre, et au cardinal celui de héros du bréviaire : expressions qui, si elles ne sont pas une plaisanterie, montrent qu’une femme si distinguée ordinairement par son excellent esprit n’étoit étrangère, quand il étoit question de ses amis, ni à l’exagération ni à l’engouement.

En 1676, Retz se rendit à Rome pour assister au conclave ouvert après la mort de Clément x, qui