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enchantée de sa conversation, pleine de traits piquans et d’anecdotes curieuses ; et le goût qu’elle prit à sa société s’augmenta depuis, parce qu’il parut partager son enthousiasme pour madame de Grignan. Elle avoit alors trente-sept ans, et le cardinal en avoit plus de cinquante. Ce dernier, guéri de beaucoup d’illusions, et disposé à mener une vie plus régulière, étoit devenu moins indigne de l’attachement d’une femme qui mettoit les vertus et les bienséances de son sexe au premier rang de ses devoirs.

Cette première liaison de madame de Sévigné avec le cardinal de Retz dura peu, parce qu’il reçut bientôt l’ordre de retourner à Commercy. Deux ans après, il lui fut prescrit d’aller à Rome ; et il fit partie du conclave où Clément ix fut élu, en remplacement d’Alexandre vii (1667).

L’année suivante il revint à Commercy ; et il se présenta une occasion où il crut pouvoir faire quelque chose d’agréable pour madame de Sévigné. La fameuse duchesse de Chatillon, devenue duchesse de Meckelbourg, avoit un procès avec le maréchal d’Albret : Retz pouvoit, par son crédit, être utile à l’une des parties, et il offrit ainsi ses services à madame de Sévigné (20 décembre 1668) : « Si les intérêts de madame de Meckelbourg et de M. le maréchal d’Albret vous sont indifférens, je solliciterai pour le cavalier, parce que je l’aime quatre fois plus que la dame. Si vous voulez que je sollicite pour la dame, je le ferai de très-bon cœur, parce que je vous aime quatre millions de fois mieux que le cavalier ; si vous m’ordonnez la neutralité, je la garderai. Enfin parlez : vous serez ponctuellement obéie. »